Disparition de La Figure – III, Tibet

Photographie et médias mixtes, 368 x 345 cm, village de Shangyuan, Pékin, 1995-2010.

Tirage gélatino-bromure d’argent émulsionné sur tissu, émulsion de peinture, encre de Chine, pastel et bandage avec inscription de néon.

 

 

 

 

 

 

Depuis le début des années 2000, Gao Bo exploite le matériel photographique produit au Tibet pendant près de vingt ans pour en proposer une réinterprétation, un prolongement constant.

Au fil des années, l’artiste questionne la pratique photographique à travers des installations de plus en plus spectaculaires, élargissant les frontières du médium. Dans Disparition de la Figure – III, Gao Bo reprend douze des portraits tibétains de ses débuts, retravaillés à l’encre de Chine, assemblés en un vaste panneau mural, chacun couronné par un néon recouvert d’une bande de gaze. Ces néons portent les inscriptions mystérieuses d’une écriture inventée par Gao Bo, aux frontières des graphies chinoises, latines et tibétaines. Cette écriture fantôme est l’un des outils de l’artiste, qui questionne par là les limites du langage, en même temps qu’il échappe à une interprétation limitative de son travail. Ce procédé invite à un déchiffrement impossible, une lecture infinie. Dans le même temps, l’œuvre apparaît comme deux fois voilée : d’abord par l’encre de Chine qui recouvre parfois presqu’entièrement la photographie originale, ensuite par les bandes de gaze qui enveloppent les néons. Gao Bo rend compte d’un double mouvement de disparition du sujet et de refus d’une explication univoque de l’œuvre, au profit d’une création nourrie d’une profonde mélancolie, touchant à l’infini.